1. 1957, une année seulement après la création de l'orchestre OK Jazz, le jeune Franco est déjà une grande vedette à Léopoldville et à Brazzaville. Il a tellement du succès que, selon le témoignage du journaliste Jean-Jacques Kande (qui deviendra plus tard ministre de l'Information sous Mobutu), des nombreuses jeunes filles agitent leurs pagnes dans sa direction, lors de ses prestations, pour lui rendre hommage. 
Le jeune Luambo, qui est devenu la star de l'OK Jazz alors qu'il est le plus jeune du groupe (il a 19 ans), va bousculer, sans toutefois l'égaler, la grande star de la musique congolaise moderne, Joseph Kabasele dit Grand Kalé, au point que ce dernier se sent obligé de travailler plus durement encore pour garder la distance, en terme de notoriété et de succès, qui le sépare de ce jeune prodige qu'est Franco.
2. L'avènement de ce deuxième orchestre congolais, l'OK Jazz, dans l'histoire de la musique congolaise, va diviser le public en deux groupes bien distincts: les fans de l'African Jazz du Grand Kalé et les fans de l'OK Jazz du jeune Franco. African Jazz est l'orchestre des évolués, des élites, des intellectuels alors que l'OK Jazz est celui du peuple; ces gens ordinaires qui se reconnaissent dans son langage et son style simple, les thèmes abordés dans ses chansons et une orchestration pas aussi élaborée que celle de l'African Jazz. 
3. En 1956-1957, apparaît déjà un phénomène très caractéristique de la musique congolaise moderne: la transhumance des musiciens. Le premier cas est celui de Vicky Longomba qui a quitté l'African Jazz pour venir créer l'OK Jazz en 1956.
En 1957, Essous et Nino Pandy, 2 congolais de Brazza et membres fondateurs de l'OK Jazz vont quitter ce groupe pour intégrer l'African Jazz. La même année, Dino Antanopoulos, un autre producteur grec et patron des Éditions Esengo, récupère des musiciens de l'African Jazz et de l'OK Jazz pour créer un nouvel orchestre Rock-a-Mambo, qui va éclater peu de temps après. Il s'agit de Tino Baroza, Essous, Nino Pandy, Léon Bukasa, Nedule Papa Noël, Ebengo Dewayon. . . 
4. Du 4 au 8 janvier 1959, éclatent à Léopoldville des émeutes violentes, consécutives au refus de monsieur Tordeur,gouverneur de la ville, d'autoriser un meeting de l'ABAKO; alors qu'une semaine plutôt (le 28 décembre 1958), il avait autorisé, au même endroit (Place YMCA) le meeting du MNC tenu par son leader Patrice Lumumba.
La répression de ces émeutes a causé entre 200 à 500 morts.Joseph Kasa-Vubu, bourgmestre de Dendale est démis de ses fonctions.
5. Certains étrangers, pris de panique, décident de quitter le Congo-Leopoldville. Parmi eux, des musiciens congolais originaires de Brazzaville qui évoluaient dans les deux orchestres du Congo: African Jazz et OK Jazz. Il s'agit de Jean-Serge Essous, Edouard "Edo" Nganga, Célestin Kouka, Daniel Loubelo " De la lune ", Nino Malapet, Saturnin Pandi et Tino Baroza.
Le 15 août 1959, ils organisent un grand concert, à Brazzaville, au Dancing-Bar " Chez Faignond " à Poto-poto. C'est la naissance et la sortie officielle de l'orchestre " Bantous de la capitale "; orchestre qui va faire bouger les deux rives du fleuve Congo. 
6. Secoué par les départs de ses talentueux musiciens partis à Brazzaville et talonné par le fougueux Franco (et son insolent talent) et son OK Jazz, Joseph Kabasele va proposer à un jeune musicien amateur, qu'il avait recruté depuis 1955 comme compositeur, d'intégrer officiellement son orchestre l'African Jazz comme chanteur. 
Cette jeune recrue de 19 ans (il est né le 13 novembre 1940 à Sinamuey dans le territoire de Bagata dans l'actuelle province du Kwilu) va se révéler être un véritable génie de la musique. Il s'appelle Pascal Tabu dit Rochereau. 
Il va apporter tellement d'innovations dans la musique congolaise moderne (nous y reviendrons) par ses talents de compositeur, chanteur, danseur, arrangeur, leader. . . que la plupart des musiciens des générations suivantes vont le prendre comme modèle: de Papa Wemba à Fabregas, en passant par Emeneya, Koffi Olomide, Wazekwa, Ferré Gola, Fally Ipupa, etc.
7. La sortie officielle de ce jeune musicien talentueux avec l'African Jazz est le fruit d'un concours des circonstances. Le 6 juin 1959 au " Bar Vis-à-vis " à Victoire (commune de Kalamu), Kalé Djeff est très embarrassé; ses musiciens sont en retard et le propriétaire du Bar lui met la pression pour débuter le concert. Grand Kalé va demander à son jeune compositeur de prendre le micro et de chanter ! Le jeune prodige Pascal Tabu, va agréablement surprendre le public qui sera aux anges avec la chanson Keliya !
Une étoile vient de naître dans le ciel musical congolais. Avec Pascal Tabu Sinamuey, qui deviendra des années plus tard " Le Seigneur " de la musique congolaise, l'African Jazz reprend une grande longueur d'avance sur son concurrent l'OK Jazz. Franco Luambo " De Mi Amor " doit réagir !
A suivre !